Crise en RDC : Intensification des combats au Nord et Sud-Kivu et impact humanitaire majeur
Depuis plusieurs semaines, le conflit opposant le groupe armé M23/AFC à l’armée congolaise, soutenus par leurs alliés respectifs, a repris avec une intensité accrue dans la province du Nord-Kivu, et s’est étendu à la province voisine du Sud-Kivu.
Conflit au Nord et Sud-Kivu : contexte et situation actuelle
Depuis décembre 2024, plusieurs fronts ont été ouverts dans les deux provinces pour le contrôle de plusieurs positions clés. Dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu, le conflit a repris dès décembre, avec des déplacements de population massifs.
Cela s’est poursuivi dans le territoire de Masisi, où d’intenses combats ont eu lieu en janvier 2025, notamment pour le contrôle de la ville de Masisi Centre, avant de descendre vers le Sud-Kivu, à Minova et Numbi dans le territoire de Kalehe.
En début de semaine, les combats ont également atteint le centre-ville de Goma où la panique s'est désornais emparée de la ville, avec un impact dévastateur sur la population.
Impact sur la population civile
“L’impact de ces combats sur la population civile est gigantesque. Au-delà des blessés et des morts, nous recevons des informations accablantes des camps de déplacés où nos équipes ne parviennent plus à aller”, explique Stephan Goetghebuer, chef de programmes MSF au Nord-Kivu.
Les conséquences humanitaires sont très lourdes. Des centaines de milliers de personnes continuent de fuir les affrontements. D'après les Nations Unies, elles seraient déjà 400.000 depuis le début du mois de janvier.
Des dizaines de milliers d’entre elles se sont rendues dans les sites de déplacement autour de Goma, où vivaient déjà plus de 650.000 personnes, épuisées par près de trois années de combats.
Ces camps sont totalement insalubres, comme nous en témoignons depuis longtemps : les familles y survivent sans abri convenable et manquent de tout, nourriture, eau et soins.
Malheureusement, les camps de la région ne sont pas épargnés par les combats. Des roquettes y sont tirées à proximité ainsi qu'aux abords des structures de soins où les gens sont venus chercher un abri.
A Masisi, l’hôpital que nous soutenons a essuyé des tirs alors que plus de 10 000 personnes y étaient réfugiées pour leur sécurité.
Réponse humanitaire de MSF
Nous faisons le maximum pour maintenir à la fois nos activités régulières et d’urgence, mais dans plusieurs localités, nous avons dû limiter les risques encourus en réduisant nos équipes.
À Goma, l'une de nos équipes continue de travailler à l’hôpital de Kyeshero, saturé par l’afflux de blessés, en appui à l’hôpital de Ndosho où s’activent les équipes du Comité International de la Croix-Rouge (CICR).
Dans le reste du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, malgré les défis sécuritaires et logistiques ainsi que les restrictions de mouvements, nous maintenons notre présence et poursuivons la prise en charge des patients.
Appel urgent de MSF
Face à la dégradation continue de la situation, MSF demande instamment aux belligérants de :
- Protéger les civils en respectant les principes élémentaires du droit international humanitaire.
- Assurer la sécurité des missions médicales, en particulier l’hôpital de Masisi et les camps de déplacés autour de Goma.
- Garantir un accès humanitaire pour permettre la fourniture de soins médicaux vitaux à la population.