
Flambée de choléra à Cibitoke
Depuis le 4 septembre, le district sanitaire de Cibitoke, dans le nord-ouest du Burundi, fait face à une recrudescence inquiétante des cas de choléra. Le centre de traitement installé dans l’enceinte du centre de santé de Rugombo est rapidement arrivé à saturation, contraignant parfois deux patients à partager un même lit.

Face à cette situation, Médecins Sans Frontières (MSF) intervient en soutien au ministère de la Santé Publique pour renforcer la réponse médicale. La capacité d’accueil du centre de traitement a déjà été étendue de 13 à 52 lits pour faire face à l’augmentation du nombre de patients, et une seconde extension est en cours afin d’absorber le flux de patients. MSF collabore avec les autorités sanitaires dans l’approvisionnement en médicaments, ainsi que le déploiement de personnel soignant, incluant médecins, infirmiers, agents de promotion de la santé et hygiénistes. En parallèle, des activités d’amélioration de l’hygiène et de l’assainissement sont mises en œuvre pour contenir la propagation de la maladie.
« Les besoins sont immenses, et MSF ne peut les couvrir seule », alerte Zakari Moluh, coordinateur du projet MSF à Cibitoke. « Chaque jour, la situation se dégrade. Il est crucial que d’autres acteurs se mobilisent pour venir appuyer les autorités et interrompre la chaîne de transmission »
Au cours des deux premières semaines du mois de septembre, près de 200 patients ont été admis dans le centre de traitement de Rugombo, témoignant de l’ampleur et de la rapidité de la flambée.
Le choléra est une maladie diarrhéique aiguë causée par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. Hautement transmissible dans des contextes de pénurie d’eau potable et d’assainissement insuffisant, il peut entraîner une déshydratation sévère, voire la mort, s’il n’est pas traité rapidement. Pourtant, avec une prise en charge adaptée — principalement par réhydratation orale ou intraveineuse — la maladie peut être soignée efficacement et la mortalité considérablement réduite.
« Le centre enregistre actuellement entre 15 et 20 nouvelles admissions par jour. La majorité des cas viennent du quartier de Mparambo I, dans la commune de Rugombo, mais nous commençons à recevoir des patients venant de localités plus éloignées comme Kaburantwa et Mugina. Les ressources sont limitées, tant en médicaments qu’en espace », explique Léocadie Nkurikiye, infirmière titulaire au centre de santé de Rugombo.
La pénurie d’eau potable constitue un facteur majeur dans la propagation de l’épidémie. À Cibitoke, de nombreuses familles n’ont plus accès à l’eau courante depuis plusieurs mois et se voient contraintes d’utiliser l’eau des rivières, souvent contaminée.
« À Mparambo II, il n’y a plus une seule goutte d’eau. Nous utilisons l’eau de la rivière Nyakagunda pour cuisiner, laver notre linge et nous laver », explique Patrice, un patient en convalescence au centre de Rugombo. « Quand je suis arrivé ici, j’étais dans un état critique. Le test s’est révélé positif, et les infirmiers m’ont immédiatement perfusé. »
Pour améliorer la prise en charge précoce des cas, MSF met en place des points de réhydratation orale dans les zones les plus touchées, notamment à Mparambo.
“Ces dispositifs permettent aux agents de santé communautaires d’administrer rapidement un traitement aux patients présentant des symptômes légers, limitant ainsi les complications graves. Mais bien plus de mobilisation s’impose pour soutenir la population et mettre fin à cette flambée”, conclut alerte Zakari Moluh.
