Les réfugiés pris au piège des combats à Tripoli doivent être libérés et protégés
Médecins Sans Frontières est extrêmement préoccupée par le sort des civils piégés par les combats en cours à Tripoli, en Libye. Cette inquiétude concerne également la situation des réfugiés et des migrants actuellement enfermés dans des centres de détention à proximité des zones touchées.
Depuis le début des combats début avril, à Tripoli et dans les environs, plus de 6000 personnes ont fui leur foyer. En date du 10 avril 2019, 266 personnes avaient été blessées et 56 tuées, selon l'Organisation mondiale de la santé. Deux médecins et un chauffeur d'ambulance ont été tués alors qu’ils prenaient en charge une urgence.
Réduction de la capacité humanitaire
La situation est particulièrement dangereuse pour les milliers de réfugiés et de migrants arbitrairement détenus dans les centres de détention, incapables de se mettre en sécurité alors que les échanges de tirs se poursuivent.
« Même en période de "calme", les réfugiés et les migrants détenus vivent dans des conditions dangereuses et dégradantes, impactant négativement leur santé physique et mentale" a déclaré Craig Kenzie, coordinateur de projet MSF à Tripoli. « De plus, les affrontements ont considérablement réduit la capacité de la communauté humanitaire à intervenir rapidement pour sauver des vies et procéder aux évacuations nécessaires de toute urgence. »
Comme par le passé, l'une des seules options pour les Libyens et les non-Libyens qui cherchent désespérément à échapper aux combats est de traverser la mer Méditerranée. D’autant plus maintenant que les vols en provenance de Tripoli sont interrompus.
La Libye n'est pas un pays sûr
C’est la troisième fois en sept mois que des combats armés éclatent à Tripoli. Parmi les personnes emprisonnées dans la capitale, nombre d’entre elles ne sont là suite à la politique des États européens, qui permet aux garde-côtes libyens d'intercepter des personnes en mer et de les renvoyer de force en Libye, en violation du droit international.
Le conflit actuel ne fait qu'accentuer la réalité : la Libye n'est pas un pays sûr, pouvant garantir la protection des réfugiés et des migrants.
« En l’absence de toute intervention de recherche et de sauvetage en mer, la vie des gens est en danger. Elle l’est aussi sous le feu des armes à Tripoli, » a expliqué Sam Turner, chef de mission de MSF en Libye et pour les opérations de recherche et sauvetage en Méditerranée.
Hier, selon des informations confirmées, une vingtaine de personnes étaient dans une embarcation en bois à la dérive, au large des côtes libyennes sans moteur, tandis que huit autres personnes se seraient noyées. Pendant ce temps, le navire de sauvetage Alan Kurdi continue d'être bloqué et donc incapable de poursuivre à sa mission cruciale.
Cela se produit alors que les États membres de l'UE tergiversent pour savoir comment gérer le débarquement des 63 personnes secourues par le navire il y a une semaine. Les gouvernements européens ne peuvent même plus prétendre que la sécurité des personnes est leur priorité puisqu’ils ont chargé les garde-côtes libyens d'intercepter les bateaux en détresse et de renvoyer les personnes en Libye, là où nul ne peut garantir leur sécurité, d’autant plus en ce moment, alors que le conflit sévit.
Il faut évacuer les migrants et réfugiés
Nous réitérons notre appel pour que tous les réfugiés et migrants détenus en Libye soient évacués dès que possible, en attendant leur libération, afin que leur sécurité et leurs besoins fondamentaux soient satisfaits.
De plus, les moyens consacrés à la recherche et sauvetage en Méditerranée doivent être renforcés de toute urgence. Des solutions immédiates doivent être apportées aux survivants. Les actions punitives visant à réduire le nombre d'ONG doivent cesser et toute personne sauvée en mer - par quelque navire que ce soit - ne doit pas être ramenée en Libye, mais débarquée dans un port sûr, conformément au droit international.