Voix du Sud-Kivu: Francine
Alors que le conflit s'intensifie dans l'est de la République Démocratique du Congo, de nouvelles personnes déplacées sont arrivées dans la zone de santé de Minova, dans la province du Sud-Kivu. Dans le cadre d'une série d'articles intitulée "Voix du Sud-Kivu", nous partageons les histoires des personnes que nous avons rencontrées dans le camp de Bugeri.
“Chaque jour la vie au camp devient plus difficile”
Je m’appelle Francine Bahati. J’étais agricultrice dans le territoire de Masisi (Nord Kivu). Chaque jour je cultivais les champs d’autrui en échange d’un salaire qui suffisait à ce que je prenne soin de mes enfants. Lorsque des hommes armés ont fait irruption dans mon village je me trouvais au champ, mes enfants eux jouaient dans la cour.
Immédiatement nous avons pris la fuite, je portais mon bébé sur le dos, un enfant dans chaque main, les quatre autres courraient devant moi. J’ai perdu de vue mon mari. Nous n’osions pas nous reposer car nous entendions les tirs tout autour. Après 5 jours de marche sans savoir où aller, nous avons finalement atteint la ville de Minova (Sud Kivu).
Aujourd’hui, ma famille mène une vie misérable, je n’ai pas d’emploi, je ne peux plus cultiver, nous n’avons pas de moyen de survie et je ne sais plus comment nourrir mes enfants.
Une de mes filles éprouve des difficultés à se nourrir. Son état de santé ne cesse de se dégrader, je suis très inquiète. Chaque jour la vie au camp devient plus difficile, j’ai peur que nous mourrions de faim à cause de la guerre. Les crépitements de balles que nous entendons à Minova nous terrifient, et si la guerre devait s’étendre jusqu’ici et nous pousser à fuir à nouveau ?
Je suis enceinte de cinq mois, je ne sais pas ce que l’avenir réserve au bébé qui va naître. J'évite d’y penser.