Témoignage de Sarah, coordinatrice de projet pour MSF, récemment revenue de Gaza
Sarah Vulstyeke est coordinatrice de projet pour Médecins Sans Frontières (MSF). Elle est récemment revenue de la bande de Gaza où elle a coordonné les opérations avec une équipe MSF dans le nord de Gaza, où MSF gère des cliniques mobiles pour fournir une assistance médicale à la population par le biais de consultations générales, du traitement des maladies non transmissibles, des pansements et de la promotion de la santé. Au cours des première et deuxième semaines de février, les cliniques mobiles de MSF ont été déployées dans le camp de Jabalia et à Beit Hanoun. Environ 1 200 consultations ont été effectuées.
« Lorsque nous sommes arrivés au premier centre de santé dans le nord de Gaza début février pour évaluer la situation, c'était un choc pour nous tous. Il n'y avait plus rien à évaluer : nous étions choqués et nous nous sentions impuissants après avoir réalisé combien d'infrastructures, de bâtiments et de vies avaient été détruits.
Juste après le cessez-le-feu, l'une de nos priorités était de voir comment nous pouvions soutenir l'accès aux soins de santé primaires pour la population de Gaza, en particulier dans la partie nord de la bande. Le camp de Jabalia était assiégé et fortement bombardé par les forces israéliennes depuis le 6 octobre 2024 et les autorités israéliennes ont considérablement réduit la quantité d'aide essentielle autorisée à entrer. Par conséquent, des dizaines de milliers de personnes sont restées piégées dans le Nord avec à peine accès aux soins de santé depuis octobre dernier, tandis que des centaines de milliers y sont retournées après la mise en œuvre du cessez-le-feu fin janvier 2025.
La dévastation que nous avons trouvée à Jabalia est difficile à décrire : il ne restait plus rien, seulement des décombres. Nous avons essayé d'évaluer l'état des centres de santé. Mais nous avons visité le premier, et il était aplati. Puis le deuxième, le troisième... Tout était en ruines et réduit à des tas de décombres. C'est époustouflant et déchirant. En regardant l'ampleur de la destruction, nous n'avions pas d'autre choix que d'agir rapidement.
Le plus grand défi était de démarrer et de mettre en place des activités médicales au milieu des décombres. Il a fallu une semaine pour dégager suffisamment de décombres avec notre bulldozer loué, juste pour installer une structure temporaire. La première semaine, nous nous sommes garés sur le bord de la route et avons commencé nos activités. Plus tard, nous avons pu installer des tentes et des abris où les patients pouvaient attendre leur consultation. Le temps était glacial, mais des centaines de patients venaient chaque jour.
Les habitants de Gaza, ainsi que nos équipes, sont déterminés à essayer de reconstruire ce qui a été perdu, malgré les difficultés insupportables qu'ils rencontrent chaque jour. La situation est toujours très précaire, et nous sommes vraiment inquiets des conséquences qu'un blocus de l'aide humanitaire à Gaza pourrait avoir. Les habitants de Gaza ont encore besoin d'une augmentation immédiate et massive des fournitures humanitaires, et il est inacceptable qu'une population entière soit à nouveau empêchée de recevoir une aide humanitaire. »
Nous espérons pouvoir :
- Augmenter l'aide humanitaire globale et agir dans le nord de Gaza
- Acheminer plus de denrées alimentaires afin de palier à l'augmentation des prix des biens de première nécessité
Participer à la reconstruction des infrastructures de santé, ce qui demandera beaucoup de temps ainsi que des fonds - Fournir des abris, de la nourriture, des soins médicaux car les problèmes de santé se multiplient d'autant plus durant l'hiver
- Permettre aux patients opérés à l'époque d'être réopérés et pris en charge pour leur revalidation
- Intervenir également auprès des personnes ayant des problèmes médicaux chroniques et qui n'ont pu bénéficier des soins nécessaires depuis plus d'un an