Miriam Willis est anglaise. Elle travaille comme logisticienne chargée de l’approvisionnement en Centrafrique. C'est sa première mission avec MSF.
« Les premiers jours après mon arrivée, pour mieux comprendre l’impact de mon travail, j’ai accompagné notre doctoresse pendant ses visites. A chaque échange avec le personnel médical, elle veillait à inscrire les nouveaux besoins sur des fiches comme il en existe dans tous les hôpitaux du monde. Sauf qu’ici, ces procédures sont récentes et doivent être rappelées régulièrement. La collecte de données représente donc un défi constant pour l’équipe médicale et les responsables de l’approvisionnement dont je fais partie. Sans cela, impossible d’avoir en permanence le matériel médical indispensable au suivi des soins et des traitements. Et l’état des patients que j’ai sous les yeux, me rappelle à quel point les listes interminables de stocks, codes et numéros dans lesquelles je me plonge tous les jours, sont tellement importantes !
En République Centrafricaine, l’approvisionnement reste chaotique. Après trois années de violence, les routes sont toujours dangereuses. Les camions passent difficilement. Nous dépendons souvent d’un seul petit avion une fois par semaine pour nous réapprovisionner. Je dois constamment jongler avec les requêtes médicales urgentes et reporter ce qui l’est moins, en n’oubliant jamais que mes décisions ont des conséquences vitales pour tout le monde. Entre les attentes liées à l’insécurité et aux routes bloquées ou les interminables négociations pour l’obtention de facilités avec la capitale, il faut véritablement saisir chaque opportunité qui se présente.
L’approvisionnement est un travail de l’ombre difficile. Les choses arrivent ou pas et les gens sont contents ou frustrés. Mais rares sont ceux qui ont une idée précise du travail qu’il y a en amont des médicaments qu’un médecin donne à ses patients ou des pièces de rechange que l’équipe technique utilisera pour réparer une ambulance.
Un premier camion a enfin réussi à faire le voyage depuis Douala, la capitale du Cameroun d’où provient une grande partie de notre matériel. Mais entre Bangui, la capitale de la Centrafrique, et notre mission, il est resté bloqué deux semaines à cause de l’insécurité liée à la présence de groupes rebelles toujours actifs. Le conducteur a réussi le tour de force de se cacher tout en surveillant la bonne marche du générateur alimentant un conteneur réfrigéré. Sans sa persévérance et son courage, nous aurions perdu nos précieux médicaments.
L’approvisionnement est vraiment un maillon indispensable à toutes les interventions MSF. Alors, quand un camion arrive avec tout le matériel pour lequel on s’est battu, nous sommes tous aux anges. Les magasins sont pleins, les départements sont satisfaits et surtout, plus important encore, le travail médical peut se poursuivre ! »
Pas de médecine efficace sans logistique de pointe
Qu’il s’agisse d’accéder aux blessés isolés en cas de conflits, de répondre aux urgences d’une catastrophe naturelle ou d’une crise alimentaire, de vacciner en quelques semaines des centaines de milliers de personnes, d’aménager un camps des réfugiés au milieu de nulle part… le travail logistique est fondamental et prioritaire dans toutes les interventions MSF. Sans logisticien expérimenté, aucun médecin ne peut travailler.
Comme on le voit dans le témoignage de Miriam, le transport de l’aide médicale dans les endroits les plus inaccessibles de la planète est un des nombreux casse-têtes. Ce ne sont pas moins de 40 années de know-how extrêmement varié que les logisticiens MSF mettent au service de MSF pour que le personnel soignant puisse chaque jour sauver de nombreuses vies humaines !
Derrière chaque médecin MSF se tient une équipe logistique qui aura préalablement installé la structure de soins, acheté et transporté le matériel médical nécessaire. Sans cette indispensable logistique, aucun médecin ne peut sauver des vies. Mais sans vos dons, aucun logisticien ne peut non plus travailler. Votre aide est un maillon essentiel de cette chaîne de solidarité.