Covid-19 : La mise en place de notre centre de soins à Bruxelles, le fruit d’un travail solidaire

Voici le témoignage de Delphine Mortier. Fin mars, Delphine et son équipe ont travaillé à la mise en place de notre centre de soins médicaux à Tour & Taxis, à Bruxelles, où sont soignés les personnes sans domicile et les migrants touchés par le Covid-19 (cas suspects et confirmés). Delphine est habituellement coordinatrice à l’Espace Bruno Corbé (EBC), le centre de formation et d’innovation de MSF, lui-même situé à côté de Tour et Taxis. Elle a exercé plusieurs missions de terrain en tant que logisticienne, notamment au Rwanda, au Nicaragua, au Turkmenistan, en Chine ou en Indonésie.

Delphine, comment a débuté la mise en place du centre de soins médicaux à Tour et Taxis ?

D’abord, nous avons dû constituer une équipe de logisticiens. J’ai alors pris contact avec des personnes travaillant dans l’événementiel en Belgique et avec la Plateforme Citoyenne BXLRefugees. J’avais déjà travaillé avec la Plateforme Citoyenne lors de la mise en place à l’EBC d’un centre d’hébergement pour une centaine de migrants en novembre 2015. Ces personnes avaient besoin d’un hébergement car, suite aux attentats de Paris, les bureaux d’enregistrement des demandeurs d’asiles étaient temporairement fermés.

Les réflexes de cette première expérience sont rapidement revenus, ce qui nous a aidé pour la mise en place du centre à Tour et Taxis. Mais il y avait cette fois-ci des exigences supplémentaires, à savoir le respect des impératifs sanitaires relatifs à la pandémie de Covid-19. Avant de mettre en place les installations, il a donc fallu réfléchir aux flux des patients, aux distances à respecter entre les patients, etc. Nous nous sommes alors vite rendu compte qu’un hébergement à l’EBC n’était pas possible cette fois-ci et qu’il nous fallait un plus grand espace, c’est pourquoi j’ai demandé le soutien de Tour & Taxis, qui nous a rapidement mis à disposition gratuitement plusieurs hangars.

Quelles ont été les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées pour la mise place du centre ?

Le plus compliqué a été de trouver l’ensemble du matériel logistique nécessaire, étant donné la fermeture des magasins. Nous avons donc énormément utilisé le matériel et l’outillage de l’EBC, mais également l’atelier de maintenance pour fabriquer les installations. La présence de l’EBC a donc vraiment été cruciale dans l’installation du centre. Ensuite, nous avons dû être très créatifs et récupérer du matériel par-ci, par-là. Ce qui a été crucial, c’est le fait que chacun ait fait jouer son réseau, et que nous ayons eu énormément de soutien de la part du monde de l’évènementiel. Nous avons pu emprunter du matériel et des consommables à des organisations telles que Couleur Café, Kunst, Nannine…

Le travail en équipe a-t-il été fructueux ?

Oui, absolument. Notre équipe s’est composée d’une dizaine de logisticien-e-s travaillant habituellement dans l’événementiel et d’une dizaine de supers bénévoles, tous extrêmement motivés et engagés. Je tiens à souligner l’incroyable énergie et la créativité de l’équipe, qui souhaitait dès le début rendre l’espace le plus agréable possible pour les bénéficiaires. Par exemple, dans le centre, nous avons mis en place un espace de détente, où la distance entre les personnes est prise en compte. Cet espace permet aux patients de se détendre devant un film mais également d’écouter de la « musique ». Un espace couvert avec vue sur l’extérieur du centre est également aménagé, ce qui rend la vie dans le centre plus agréable.

Je tiens vraiment à remercier chaleureusement l’équipe de construction, la Plateforme citoyenne BXLRefugeees, Kunst, Couleur café, Nannine, la compagnie des Nouveaux Disparu, et bien sûr Tour et Taxis pour leur aide et leur engagement fabuleux !